CAROLINE LEE

Je ne m’attendais pas que la France – Paris – deviendrait mon pays, et partagerait, dans mon cœur, la place occupée depuis toujours par mon pays natal, les États-Unis.

Je suis venue à Paris avec une Bourse Fulbright pour un an. Avec le passage des mois, dont j’avais exclu, délibérément ou par hasard, l’anglais, j’ai découvert mon affinité avec le « french way of life ». C’était presque la même sensation que de mettre un vieux vêtement : chaud, familier, et confortable. L’attention donnée aux détails, que ce soit aux fruits et légumes ou aux relations personnelles, accompagnée par l’exigence constante d’être précise et concise, a créé en moi un sens d’être, d’existence dont auparavant je ne me suis pas rendu compte d’avoir un tel besoin. C’était devenu vital pour moi ! Mon séjour s’est prolongé par le renouvellement de ma bourse Fulbright, et je me suis trouvée en train de prendre des dispositions – trouver un atelier permanent par exemple – que je ne pouvais interpréter que comme une démonstration de mon intention d’y faire ma vie.

Le « french way of life » avec son activité intellectuelle aiguë reste pour moi une source inépuisable de stimulation et de croissance personnelle. La fraîcheur de cette grande surprise, d’avoir découvert un endroit où j’avais déjà laissé une empreinte a mon insu, ne m’a jamais quittée. De m’y insérer peu à peu dans ces contours est devenu le travail de ma vie.

12 février 2004

Caroline Lee, sculpteur